dimanche 18 mars 2012

Funerailles du 17 Mars 2012

EULOGIE A L’OCCASION DES FUNÉRAILLES DU COLONEL MONOD PHILIPPE PAR SON BEAU-FILS ANTHONY DESSOURCES

Parents et amis éplorés,
Le dimanche 11 mars 2012, à 11h30 du matin, un mapou est tombé. Il s’appelait MONOD PHILIPPE, un être exceptionnel, un grand Homme, un patriote de haut rang, une légende et tout ceci nous l’affirmons en connaissance de cause.


Mesdames, Messieurs,

C’est une charge extrêmement  lourde que la famille m’a confiée de  prendre la parole en cette occasion ou nous sommes réunis, parents, amis, admirateurs, pour saluer le départ de ce grand homme vers la maison du père, parce que et l’émotion du moment, et d’avoir à parler d’un tel homme rendent la tâche difficile. Et de fait, ce que j’aurai à dire ne représentera certainement qu’une parcelle du parcours de cet homme qui a eu une vie bien remplie, de cet homme qui a mené le bon combat, toutefois je peux vous donner la garantie que les paroles qui sortiront de ma bouche constitueront le témoignage d’un beau fils qui a vécu dans l’intimité d’un beau-père, je parlerai en toute franchise et en toute honnêteté, sans fard. Je vous parlerai  de Monod Philippe en quatre dimensions : le fils, le père, le militaire, l’homme.


Monod, le fils : je témoigne ici au nom de  grand-mère Lise, la maman de Monod, centenaire (bientôt 104 ans) et encore bien vivante ; rare mère n’a eu de fils aussi attentionnée, respectueux, affectif, aimant, que l’ait été Monod ; j’ai été témoin de cette relation mère-fils exceptionnelle presqu’a l’image de manman Marie avec son fils. Je crois que l’un portait l’autre, l’un supportait l’autre, la souffrance de l’un était la souffrance de l’autre. J’atteste que Monod exprimait  en permanence son amour, son affection a sa mère sans grandes effusions, sans embrassades,  mais plutôt par de petits gestes, des marques d’attention subtiles qui pouvaient échapper  a ceux qui ne leur étaient pas proches. Cet amour de Monod pour sa mère le rendait même vulnérable tant il était sensible a tout ce qui la concernait  et un jour le grand Monod Philippe, le militaire sans peur et sans reproche, le tireur d’élite aux nerfs d’acier est littéralement tombé  en syncope pour avoir vu sa mère perdre un petit peu de sang  lors d’une consultation médicale. Je vous en parle ce matin parce que beaucoup de gens n’ont pas connu ces aspects particuliers de la vie du   légendaire Monod Philippe à qui nous rendons hommage ce matin.


Monod le père : il était père de neuf enfants, sept filles et deux garçons; plus que le nom Monod leur a transmis un tempérament fort,  un caractère d’acier qui pourraient faire dire d’eux comme l’autre « pitit tig se tig », car c’est ce génotype qui  permet de reconnaître à coup sûr  un fruit de ses relations amoureuses. Cette marque caractéristique se manifeste par une volonté de  dominer, d’être le leader, disons tout simplement d’être le chef, quoi ! Je ne sais pas ce qu’en pensent Bernard, Andy, Marc Arthur, Roland et Hervé, les époux respectifs de Mona, Babeth, Rachel, Muriel et Patricia, mais moi je peux affirmer que « joumou pa donnen kalbas » puisque, en  ce qui me concerne, quoique je sois  tombé sur la plus fluette, elle n’a fait que confirmer le dicton « pi piti pired ». Heureusement que le père à l’instar de son père, papa Milo, tenait à ce que tous ses enfants fréquentent les meilleurs établissements  scolaires (particulièrement les écoles congréganistes) du pays, provoquant ainsi un certain phénotype qui est venu quelque peu atténué  les effets du génotype, car en fin de compte, vivre avec une fille du colonel Philippe c’est vivre sous une douce dictature. Commandant, vous pouvez partir tranquille, vous avez bien rempli votre devoir de père, maintenant c’est à nous de transmettre le flambeau à nos progénitures pour que vous puissiez continuer à vivre à travers eux.


Monod le militaire : c’est là que commence la légende dans l’histoire de la vie  du Colonel Philippe et c’est là que je ne veux pas trop m’aventurer,  car dépendamment du moment ou du lieu que l’on pouvait se trouver  il était tantôt le tireur d’élite que personne ne pouvait égaler, celui qui pouvait lancer une pièce de 50 centimes en l’air et arriver à l’atteindre par les balles de son arme plusieurs fois avant qu’elle ne touche le sol ; celui qui avait osé dire au président  François Duvalier, lors de la tentative « d’assassinat » de Jean Claude que s’il était le tireur, certainement il n’aurait pas raté son fils ; il était aussi celui qui  avait un don d’ubiquité parce qu’il pouvait être de service à son poste et en même temps faire la fête dans un night-club ou jouant au casino.  Je ne fais que répéter ce que j’ai à maintes reprises entendu et j’en reste là.


L’homme : alors là, il y aurait beaucoup à dire, mais je commencerai par rappeler qu’il fut un humaniste, il avait foi en l’être humain et il faisait confiance aux autres, il était toujours disponible à aider les autres, il plaçait l’être humain au centre de ses préoccupations, c’est ce qui peut expliquer d’ailleurs sa grande générosité, C’était un homme extrêmement généreux dont les largesses n’avaient pas de bornes, et il donnait toujours sans compter, sans rien attendre en retour. Oh ils sont nombreux ceux qui ont pu bénéficier de la générosité de Monod Philippe et les démunis en particulier avaient sa préférence. Ce qui fait la grandeur de cet homme c’est son détachement vis-à-vis des richesses, des biens de la terre et ses relations avec les autres se basaient sur des valeurs sures comme l’amitié et la sincérité. Ainsi, tout au cours de sa courte maladie, l’esprit du colonel planait déjà haut dans une autre dimension, il n’accordait de l’importance qu’a ses proches qui l’entouraient, les choses matérielles n’avaient aucune emprise sur lui, et une grande sérénité émanait de tout son être. Je voudrais dire à vous tous ici présents aujourd’hui en cette église pour rendre un dernier hommage au colonel Monod Philippe, je voudrais vous dire  qu’il est parti avec toute sa dignité d’homme,  il est parti j’aillais dire… debout.


Monod Philippe fut aussi un séducteur, c’était inné et il le savait, mais il s’est toujours défendu d’avoir abusé de ce don allant jusqu’à dire que dans certains cas, ce sont les femmes qui  venaient vers lui. C’est un chapitre un peu délicat et sur lequel je ne voudrais faire aucun développement.


J’ai rencontré le colonel Monod Philippe pour  la première fois un jour de septembre de l’année 1977, le jour où ma jeune épouse, après notre mariage à New York, voulait me présenter a son père. Je ne m’étendrai pas sur les détails de cette rencontre, mais je peux vous confier que j’ai tremblé un peu au début, mais bien vite l’ogre dont on m’avait parlé  s’est révélé d’une courtoisie si renversante à mon endroit que j’ai bien vite retrouvé tous mes sens et depuis mes relations avec mon beau père se sont développées, avec beaucoup d’affection, sous le signe du respect de l’un pour l’autre et ceci jusque dans les choix idéologiques. Il a servi la république sous le régime des Duvalier père et fils et moi j’ai travaillé avec  les présidents Préval et Aristide. Il nous arrivait souvent de parler de politique, mais c’était toujours sous l’angle des meilleures stratégies  et actions à entreprendre pour l’avancement du pays, nous n’avons jamais eu à polémiquer, ce n’était pas pour nous l’essentiel.


Voilà en peu de mots une présentation de cet homme allongé dans ce cercueil, de ce citoyen exceptionnel, ce patriote intégral, cet homme de courage et de devoir, certes je n’ai fait qu’un bref survol de l’existence terrestre du colonel Philippe, mais j’ai voulu surtout mettre en évidence des facettes méconnues ou peu connues de lui.


Mesdames, messieurs


Au nom de toute la famille, particulièrement au nom de sa mère, au nom de tous ses enfants, de sa sœur, Bibiane, de sa fidèle compagne Adèle,  j’adresse mes plus vifs remerciements à vous tous ici présents ce matin qui êtes venus rendre hommage au défunt mais aussi nous apporter votre réconfort ; nous remercions aussi tous ceux-là qui d’une façon ou une autre ont exprimé leur solidarité a la famille, qu’ils trouvent ici l’expression de notre reconnaissance.


Quant à toi papy Monod, granpa Monod, tonton Monod, Monod mon frère, Monod chéri,  Commandant, pars en paix car tu as mené le bon combat, repose en paix dans l’autre monde ou tu vas  en attendant que nous venions te retrouver. Que Dieu veuille bien te faire une place dans son royaume. Tu vas beaucoup nous manquer, tu vas me manquer. Que la terre te soit légère.

                                                                                                                                             THONY

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